Avec son cycle « Les Bannis et les Proscrits » , James Clemens propose un récit de fantasy médiévale des plus classiques en apparence. Une jeune fille de ferme lambda se voit hériter d’un mystérieux pouvoir magique qui doit l’amener à sauver le monde et le débarrasser d’un antipathique « Seigneur Noir ». Pour aider à motiver cette fillette de 12 ans un peu perdue, on va la traumatiser en s’en prenant un peu à sa famille et puis, une fois qu’elle sera bien isolée (mais endurcie et revancharde, du coup), on va lui faire rencontrer une série de gens doués de pouvoirs spéciaux afin de lui constituer une sorte de communauté hétéroclite. Elena (c’est son prénom) la sor’cière va ainsi se faire des amis el’phes, n’ains, og’res, nyphais (nymphes), me’rais (sortes de sirènes) ou si’luras (métamorphes) qui n’ont que leur apostrophe pour se distinguer des créatures mythiques bien connues. Pendant 5 tomes, Elena parcourt le continent en long et en large en combattant de temps en temps des séides de plus en plus costauds du Seigneur Noir, gros méchant invisible qu’on ne rencontrera évidemment qu’à la fin.
Bon, dis comme ça, c’est pas folichon, mais c’est un aspect qu’il faut prendre en compte lorsqu’on aborde ce cycle des Bannis et des Proscrits : se dire qu’on est en terrain connu au niveau de l’intrigue et du bestiaire et en profiter pour se concentrer sur d’autres particularités. Le style de James Clemens, déjà, est assez imparable : on s’enfile des centaines et des centaines de pages sans qu’on s’en rende compte, l’auteur américain maniant avec dextérité les cliffhangers et les situations d’emblée dramatiques. Peu de répit pour Elena ou ses amis, peu de répit pour nous, et ça fonctionne bien ! L’autre particularité, c’est la richesse et la complexité des différents personnages. Chaque ami a sa propre histoire, sa personnalité, son but personnel dans l’aventure et surtout chacun a son côté obscur. Chaque ennemi a d’ailleurs peut-être été un ami à un moment donné, ce qui occasionne de profondes tensions émotionnelles très régulièrement de bouquin en bouquin.
Couplé à cette ambivalence assez terrible des personnages, on a aussi James Clemens qui manie extrêmement bien les descriptions un peu gores ! Pas de pitié pour nos pauvres petits cœurs, les malegardes, skal’tums, araignées et autres simaltras nous poursuivrons désormais dans nos pires cauchemars.
Que dire de la fin ? Elle était annoncée depuis les premières lignes du premier tome, Le Feu de la Sor’cière. Elle présente donc assez peu de surprise mais, je le répète, ce n’est pas vraiment le plus important, surtout que la morale est assez belle. Je regretterai juste l’absence de détails concernant les destinées des personnages survivants, que l’on quitte donc avec une pointe de frustration. On a l’impression que certains arcs narratifs (Rodricko, Sheeshon, Typhon, Harlequin, Tyrus) ont tout bonnement été abandonnés. Après, une fin qui ne s’éternise pas en « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », ça a aussi ses qualités.
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