Le quotidien d'une table de chevet brabançonne

Catégorie : Science-fiction

Mathieu Bablet – Carbone et Silicium

Note de 9/10 Le Bouquin de FirminCouverture de la BD Carbone et Silicium de Mathieu BabletAvec Carbone et Silicium, Mathieu Bablet se perfectionne et gomme les défauts que l’on pouvait trouver dans son œuvre précédente, Shangri-La. Le plus surprenant, c’est que là où dans Shangri-La, il peinait à nous faire ressentir de l’empathie pour son héros humain « Scott », il arrive, dès les premières pages de sa nouvelle bande dessinée, à nous captiver pour la personnalité de Carbone et Silicium qui sont… des androïdes. Mais quels androïdes !

Pendant 270 pages et tout au long d’autant d’années de vie, nous suivons le parcours de ces 2 robots destinés à survivre dans un milieu plus qu’hostile : notre bonne vieille Terre, enfin ce qu’il en restera dans un futur proche. A travers leurs yeux (et uniquement à travers eux), on assistera à l’évolution de la société au fil du temps. Pas de vision globale donc, pas de perception de la situation d’un autre point de vue, politique, économique ou environnemental. Et c’est la grande qualité du livre : pas de grands discours ou dialogues nous expliquant la situation, les enjeux ou les solutions envisagées. L’histoire est découpée selon la vision de Carbone à différents âges. Parfois les chapitres sont courts et presque uniquement graphiques, mais sont d’autant plus percutants (Los Angeles ou Hong Kong par exemple). Chaque chapitre commence par un gros plan du visage de Carbone, un gros plan qui est souvent très éloquent et dont l’esthétisme léché me fait penser aux magnifiques affiches qui ponctuent également les chapitres de la série Saga de Vaughan et Staples.

Extrait de la BD Carbone et Silicium de Mathieu BabletAvoir choisi des protagonistes plus ou moins immortels comme ces androïdes, c’est très efficace pour un récit de SF qui se déroule sur des centaines d’année : le temps passe, mais l’attachement aux personnages reste inchangé pour le lecteur. A l’ère actuelle des quinquennats et septennats qui manquent cruellement de vision à long terme, cette histoire qui se déroule sur plusieurs centaines d’année fait un peu rêver (même si la situation décrite y est majoritairement dramatique). Avoir fait de Carbone et Silicium des spectateurs et rarement des acteurs de l’avancement de l’intrigue de l’humanité est un très bon parti pris, une manière pour nous de s’identifier et de… profiter de la débâcle.

Les qualités graphiques de Shangri-La sont toujours évidemment présentes, mais sont ici magnifiées par la grande richesse que peuvent apporter les paysages terrestres. Nous ne sommes plus enfermés dans une station spatiale, mais dans des paysages (urbains ou non) beaucoup plus variés, grâce aux nombreux voyages qu’effectuent les 2 robots (surtout grâce au globe-trotter Silicium). Au niveau des personnages aussi, Mathieu Bablet s’est davantage lâché avec des personnalités graphiques plus contrastées, variées et intéressantes. Il faut dire que les protagonistes étant majoritairement des robots ou des humains augmentés, la liberté et l’originalité graphique est immense… et les choix de Mathieu Bablet ne sont pas anodins. Lorsque (spoiler) Carbone passe son année 247 à Hakone dans un corps reconstitué mi-féminin mi-masculin, le symbole est énorme. Et encore une fois, Mathieu Bablet a énormément gagné en subtilité depuis Shangri-La, car sans y toucher, il évoque la transidentité probable du futur de l’humanité. Dans le même chapitre, les vues d’Hakone sont magnifiques, mais d’un tout autre genre que celles que les touristes actuels peuvent admirer.

Extrait de la BD Carbone et Silicium de Mathieu BabletLe propos général sur les ravages de la robotisation, de l’ultra-connexion ou plus généralement de l’industrialisation est amené de manière plus subtile que dans Shangri-La également. Pas besoin de mots, le lecteur a la « surprise » (ou plutôt l’horreur) de découvrir par hasard dans une case un corps ressemblant comme 2 gouttes d’eau à celui d’Alan Kurdi ou les viscères d’un goéland mort d’avoir ingurgité trop de plastique. Simple, et efficace.

Je disais que les personnages principaux ne sont pas humains, mais en fait, bien entendu, ils sont à 100% humains, tels que l’a voulu leur créatrice Noriko. Bien sûr, leur capacité à se réparer eux-mêmes et à survivre dans des conditions inhumaines influe sur le scénario, mais au fond, ce sont deux êtres sensibles, avec leurs défauts et leurs qualités, leurs pulsions colériques ou suicidaires, leurs choix de vie en somme, très différents entre Carbone et Silicium.

Tous les futurs envisagés pour l’humanité m’ont plu. Ils sont peut-être dramatiques, mais je n’ai pas ressenti forcément le côté apocalyptique de la chose. Parce que dans toutes les situations, Mathieu Bablet montre que l’humanité subit mais survit aussi. Il y a des moments de violence et de malheur bien sûr, mais aussi des moments de vie. Une famille qui se rassemble, un groupe qui s’organise, des amis qui se réunissent. Les avancées technologiques esquissées m’ont séduites également. Le transhumanisme dans son sens de quête de l’immortalité est par exemple évoqué de façon bien cruelle dans le vieillissement de Noriko tandis que le transhumanisme dans son sens d’augmentation des capacités mentales est brillamment illustré par l’hyper-connexion générale dans le réseau. A un moment donné, Mathieu Bablet nous montre des aéroports désertés, non pas par conscience écologique mais bien parce qu’il est devenu inutile de se déplacer. Bien vu !

L’effondrement de l’humanité est écrit, annoncé et planifié, mais il n’a jamais été aussi beau à regarder !

Extrait de la BD Carbone et Silicium de Mathieu Bablet

Mathieu Bablet – Shangri-La

Couverture de la BD Shangri-La de Mathieu Bablet

Evaluation 7/10 pour Le Bouquin de Firmin

Avec Shangri-La, Mathieu Bablet propose un roman graphique SF ambitieux, 220 pages où on en prend plein les yeux et où notre société de consommation (actuelle) est disséquée, malmenée. Graphiquement, si les personnages sont assez « laids » et demandent un certain temps d’adaptation, le travail de chaque case est assez hallucinant, une foison de détails, de lignes, qui ne sont pourtant pas indigestes du fait que les planches ont souvent une uniformité de couleur (ocre, bleu, etc.) qui aplatit le tout (peut-être un peu trop d’ailleurs). Le propos SF est plutôt crédible, il est en tout cas bien étudié et travaillé pour que l’immersion soit tout à fait réaliste.

Extrait de la BD Shangri-La de Mathieu BabletShangri-La possède quand même 2 défauts majeurs qui empêchent clairement de crier au génie. Le premier est le manque de subtilité de la critique de la société de consommation… Les murs de la station spatiale sont couverts d’inscription « TRAVAILLER – DORMIR – TRAVAILLER » ou « ACHETER AIMER JETER ACHETER », le nouvel « Iphone 12s » (pardon, le Tianzhu-phone 7s) est obsolète avant sa parution, etc. Or, dans le synopsis-même de Shangri-La, on peut y lire qu’il s’agit d’une « société parfaite » et cela se confirme dans le vécu transmis des habitants, toute cette réalité un peu grotesque est bien vécue par tout un chacun (ou presque). Pour autant, si cela s’était limité à des inscriptions en background, quelques petites subtilités en bord de case, ça aurait pu faire le job, mais il a fallu que les personnages soient en plus bavards à propos de ça, une avalanche de dialogues, de descriptions de choses qui sont souvent déjà montrées par le graphisme.

Le deuxième défaut tient dans son « héros » principal, un personnage que j’ai pour ma part mis 50 pages à réellement identifier et nommer (Scott) et qui est, pendant une grosse partie du livre, un « mouton » convaincu par le système. Sa loyauté n’a pas beaucoup de sens, son revirement non plus, mais globalement son caractère n’est pas intéressant du tout. On est au-delà du anti-héros ici (un concept qui marche généralement bien), on est plutôt dans le personnage inintéressant dont le profil n’est pas du tout suffisamment étoffé pour qu’on s’y attache. Les autres personnages sont à l’avenant, plutôt ennuyeux.

Extrait de la BD Shangri-La de Mathieu BabletPour autant, je trouve qu’il s’agit d’un récit SF tout à fait intéressant dont les défauts pourraient être gommés (spoiler alert sur le prochain article : Mathieu Bablet y est totalement arrivé dans Carbone et Silicium), avec pour preuve les incroyables prologues et épilogues de l’histoire, plus ou moins muets, à couper le souffle dans leur expression graphique et scénaristique. Et même dans la partie centrale consacrée à Scott, il y a plusieurs moments de bravoure, en particulier vers la fin avec entre autres un passage sur les animoïdes bouleversant. Une des bonnes idées de Mathieu Bablet aura d’ailleurs été de cristalliser la problématique de la différence grâce à des animaux génétiquement modifiés pour être les égaux de l’homme. Un poil trop explicite et premier degré, mais c’est une des bonnes trouvailles du bouquin. Le personnage de John, peu bavard ou juste ce qu’il faut, est attachant. 

George R.R.Martin – Les Rois des sables

Couverture du recueil de nouvelles Les Rois des sables de George R.R.MartinEvaluation 7/10 pour Le Bouquin de Firmin
Dans les années 70, George R.R.Martin a la trentaine et commence à obtenir une petite reconnaissance dans le milieu de la littérature de science-fiction avec ses nouvelles « Chanson pour Lya » ou « Les Rois des sables » . Un succès relatif qui lui permet tout de même de vivre de ce métier et d’obtenir des commandes de scénario pour la télévision. En 2007 et suite au carton de sa saga « Le Trône de fer » , une partie des premières nouvelles de George R.R.Martin est rééditée sous la forme d’un recueil de 7 récits intitulé « Les Rois des sables » , du nom de sa nouvelle la plus emblématique. Cette dernière a d’ailleurs été adaptée à la télévision sous forme de deux épisodes de la série Au-delà du réel : L’aventure continue.

Qui dit « nouvelle » dit « récit court », bien loin de l’univers ultra-détaillé en 7 volumes de plus de 1000 pages du Trône de Fer. Qui dit « science-fiction » dit « rien à voir avec la fantasy, la magie ou l’époque moyenâgeuse de sa saga emblématique ». Bref, si, évidemment, le grand public se penche sur ces nouvelles après avoir lu (ou vu) Game Of Thrones, il ne faut pas s’attendre à y retrouver une quelconque trace de cet univers. Alors, que vaut George R.R.Martin en écrivain de science-fiction ?

Eh bien ça se passe plutôt bien ! Dès la première nouvelle, Par la croix et le dragon, on est surpris de se retrouver dans la tête d’un religieux, un inquisiteur qui défend la cause de Jésus Christ, notre seigneur, contre l’hérétique Judas Iscariote. Pendant quelques minutes, on se demande où est la science-fiction dans ce récit, jusqu’à ce qu’une description de l’Archevèque commandeur (avec ses 4 bras et ses 200ans) ainsi que de la « véritable » histoire de Judas (et ses dragons vengeurs) nous rassure pleinement. Quelques pages plus loin se finit déjà la nouvelle, qui aura eu le temps de nous immerger dans un monde complexe rempli de voyages spatiaux et de créatures sur-douées aux pouvoirs psioniques. Mais plutôt que de nous perdre, George R.R.Martin nous tient par le message assez simple qui sous-tend la nouvelle : la Foi, la religion et le mensonge qui en découle.

Vient ensuite Aprevères, dans un monde déjà plus familier à l’univers du Trône de Fer, ses grandes forêts enneigées et son époque moyenâgeuse. Shawn en est le personnage principal, la mort rôde… Mais, à l’instar du monde de Thorgal, l’enfant des étoiles, la science-fiction nous rattrape rapidement : un vaisseau spatial gît au milieu des étendues gelées. Son occupant entraîne Shawn dans des mondes insoupçonnés et l’envoûte par sa technologie et son expérience. Aprevères est une très jolie histoire sur le temps qui passe, la solitude et la « magie ».

Avec Dans la maison du ver, on entre directement dans le plat de résistance de ce recueil. Le début du récit, avec ce soleil mourant, ce fanatisme peu ragoûtant autour d’un Ver Blanc et cette société enfermée, ignorante de son passé et de son avenir, n’est pas sans rappeler l’ambiance du dernier Mad Max. Mais rapidement, le récit se concentre sur un personnage, Annelyn, un anti-héros prétentieux peu attirant qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. L’histoire peut alors prendre toute son ampleur dramatique. On a peur, on s’interroge, on découvre, on se blesse, on n’y voit plus rien, on n’y comprend plus rien, tout comme le héros. On se rend compte que cet étrange endroit a un passé complexe et que les perspectives de cette histoire sont assez énormes… qu’importe, le format « nouvelle » nous laissera sur notre faim, on le sait et on profite donc de l’observation de cet Annelyn et de cette expérience qui va lui changer la vie.

Le soufflé retombe par après avec Vifs-Amis, une nouvelle qui présente une histoire d’amour impossible à laquelle on a un peu de mal à accrocher, puisque les protagonistes eux-même n’y croient déjà plus beaucoup… Je noterai quand même que la présence d’un ange (dont vous découvrirez les fonctions à la lecture) tout le long du récit est une bonne trouvaille, le troisième larron étonnant dans cette idylle mourante.

La nouvelle La Cité de pierre était quant à elle plutôt prometteuse. Elle se situe dans un univers assez classique de la science-fiction avec ses milliers de mondes peuplés d’extra-terrestres plus surprenants les uns que les autres. A l’instar d’un monde asimovien, la Terre n’est plus qu’un mythe et le héros du récit ne veut qu’une chose : aller au-delà des limites connues. L’ambition de cette nouvelle était peut-être trop grande : la solution finale ressemble plutôt à une pirouette du genre « et soudain, la sonnerie du réveil retentit » qu’à une conclusion valable de cette aventure.

Concernant La Dame des étoiles, je retiendrai surtout le thème principal évoqué sans pudeur (la prostitution) ainsi que le vocabulaire inventé pour donner un aspect exotique mais terriblement proche à cette histoire. Astrer, rouager ou dévider, des verbes qui deviennent familiers au fil des pages et que l’on quitte avec une pointe de frustration, à défaut d’avoir ce sentiment pour les personnages principaux assez peu développés.

Vient ensuite la nouvelle finale, Les Rois des sables. Simon Kress, un homme d’affaire riche mais un peu douteux, a une passion originale : il achète des animaux exotiques et s’amuse à les observer (généralement se battre voire s’entredévorer). Ce passe-temps l’entraîne à acheter les Rois des sables, sorte de fourmis géantes extraterrestres un peu plus intelligentes qu’il n’y paraît… et c’est là que les choses se corsent pour Simon. L’histoire est cousue de fil rouge (pour le sang versé tout au long du récit), à quelques détails près, mais la narration est efficace et nous laisse peu de répit.

En conclusion, ce recueil était plutôt sympathique et, s’il n’est pas révolutionnaire, il présente certains aspects du style qui feront de George R.R.Martin la star que l’on connaît aujourd’hui. Des héros peu attachants voire antipathiques (Annelyn, Simon Kress, Brand, Hal le Poilu) et un univers très vaste et recherché évoqué (même si la nouvelle ne fait qu’une trentaine de pages). Pas trop de magie ou de créatures légendaires par contre (science-fiction oblige), tout comme il n’y a d’ailleurs pas énormément de mort tragique et cruelle… Un petit penchant que George R.R.Martin aura donc développé tardivement !

Le format très court lui va plutôt bien en tout cas : les personnages sont installés de façon efficace et le sujet de chaque nouvelle est simple mais bien traité. On se doute que George, qui est loin d’en avoir fini avec sa saga du Trône de Fer et qui croule sous la pression des lecteurs pour avoir une suite, n’a pas trop l’occasion de se relancer dans la science-fiction de ses débuts. Mais s’il y revient, je serai là pour le suivre !

James Dashner – Le Remède mortel (L’Epreuve Tome 3)

Couverture de Le Remède Mortel, tome 3 de la trilogie L'Epreuve de James DashnerEvaluation 4/10 pour Le Bouquin de Firmin
Ah merde, c’est con : amère déception concernant le tome 3 de la trilogie L’Epreuve de James Dashner. Après Le Labyrinthe (bon), La Terre brûlée (moins bon), James Dashner finit son cycle sur un livre pas fameux : Le Remède mortel. Les problèmes soulevés à la fin du tome précédent se reportent au centuple dans ce bouquin puisqu’à un moment donné, Thomas et ses amis se retrouvent plutôt affranchis du contrôle du WICKED. Si le manque d’info et les situations de sauvetage in extremis pouvaient encore passer dans les premiers livres (le lecteur étant tout autant manipulé que les protagonistes de l’histoire), ça devient un réel problème quand les adolescents prennent leur propres décisions. On en apprend un peu sur ce monde dévasté et les péripéties restent surprenantes, mais la machine se grippe, ça manque de fond et de cohérence.

Un doute subsiste et on espère secrètement que le WICKED est encore derrière tout ça. On attend des réponses pour l’épreuve Newt, pour l’ambiguité du binôme Teresa/Brenda, pour l’utilité de Gally ou pour les motivations du Bras Droit. Le WICKED devient bête et méchant, les savants fous le deviennent vraiment. Le système s’écroule au propre comme au figuré et le lecteur assiste à cette débâcle le front plissé. James Dashner ne fournira pas de réponse, se contentant de tuer quelques personnages pour pouvoir solutionner les questions soulevées plus haut.

L’intrigue se débloque littéralement en 2 pages, à la toute fin. L’ambiance « tout est bien qui finit bien » est peu réaliste et Bernard Werber pourrait donner un cours à James Dashner sur l’évolution peu encourageante des civilisations quand elles sont arrivées à ce stade de développement. Néanmoins, le dénouement se tient : on pouvait d’ailleurs le deviner dès que le mot « Imune » a déboulé dans le récit. Un bon point pour Dashner finalement, j’ai craint qu’il ne se perde dans des solutions encore plus louches.

Retrouvez la critique du tome 2 La Terre brûlée en cliquant ICI.

Retrouvez la critique du tome 1 Le Labyrinthe en cliquant ICI.

James Dashner – La Terre brûlée (L’Epreuve Tome 2)

Couverture de La Terre brûlée, tome 2 de la trilogie L'Epreuve de James DashnerEvaluation 6/10 pour Le Bouquin de Firmin
Après l’Epreuve (éprouvante) du Labyrinthe, on retrouve Thomas et quelques autres dans un nouveau livre de James Dashner : La Terre brûlée. Un départ sur les chapeaux de roue pour le début de ce second tome ! La chancelière Paige l’avait annoncé à la fin du tome 1, les garçons ont beau être sortis du Labyrinthe, ils n’en ont pas fini avec les Épreuves ! James Dashner excelle à nouveau avec ses chapitres courts et incisifs ponctués systématiquement de faits étonnants. La manipulation est complète, le WICKED, l’organisme derrière tout ça, tire les ficelles et fait ce qu’il veut de ses cobayes, à un point où l’on se demande bien où peut se trouver la réalité.

Le monde a été ravagé par des éruptions solaires importantes et un virus contamine l’humanité : la Braise. Le groupe d’adolescent devra traverser la Terre brûlée et y fera quelques rencontres plus ou moins mortelles. Si le Labyrinthe n’est plus du tout d’actualité, le mécanisme d’intrigue plutôt violent est toujours à l’ordre du jour, et ça fonctionne pas mal.

Il y a néanmoins un moment où la série « saute le requin », et ça tient à peu de choses : Thomas découvre en pleine Terre brûlée une vieille plaque métallique au message assez niais mais qui a surtout la particularité de ne pas être unique. Placardée dans toute la ville, cette plaque est l’indice que le WICKED n’est pas aussi omniscient qu’il n’y paraît. Une balle perdue plus tard, le Méchant montre des faiblesses dans son processus de manipulation.

La fin du livre est d’ailleurs beaucoup moins palpitante que son début : les actions imposées aux garçons sont de plus en plus ridicules (ballade en sac, trahison mal abordée, chambres à gaz inutiles, monstres superflus). Le vrai problème de cette « plaque métallique », c’est qu’elle amène du flou dans la destinée des personnages. Si Untel affronte 10 monstres bioniques en en réchappant de justesse sans grande égratignure, on pouvait jusqu’à présent le mettre sur le compte du WICKED, un organisme particulièrement doué qui a une maîtrise très fine de tous les événements. Maintenant, on peut juste se dire que les adolescents lambdas du premier tome ont muté en super-héros : dommage pour l’identification.

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James Dashner – Le Labyrinthe (L’Epreuve Tome 1)

Couverture du tome 1 de la trilogie L'Epreuve de James Dashner : le LabyrintheEvaluation 7/10 pour Le Bouquin de Firmin
La mode en littérature jeunesse est à la dystopie post-apocalyptique assez violente. Après des « jeux de la faim » ou l’extermination des divergents, voici Le Labyrinthe de James Dashner, un livre dans lequel des adolescents sont enfermés à l’intérieur d’un labyrinthe sans issue, menacés par d’infâmes créatures mi-monstres mi-machines. Privés entièrement (ou presque) de leur mémoire, une cinquantaine de garçons doivent survivre depuis quelques années dans un milieu hostile, sans savoir pourquoi ils sont là ni qui les y a envoyés. L’apport régulier de nourriture et de produits de première nécessité laisse supposer qu’il y a des Créateurs dont les adolescents seraient vraisemblablement les rats de laboratoire, mais le lecteur, tout comme Thomas, Chuck, Minho et les autres, n’en sait pas grand chose.

Ce premier tome a deux qualités principales. Dans un premier temps, James Dashner a trouvé la formule magique du suspense grâce à des chapitres très courts à la fin desquels un événement surprenant intervient. Peu de blabla et d’explications et si d’aventure un blocard/tocard essaie d’expliquer quelque chose  à Thomas (le personnage principal, nouveau venu dans le labyrinthe), on peut être sûr que ce dernier sera interrompu par un griffeur, un infecté, un scaralame, une fille ou tout autre élément perturbateur. Ensuite, James Dashner a choisi de mettre en avant les peurs et les faiblesses de ses personnages principaux plutôt que d’en faire des héros/guerriers confirmés. L’identification est assez facile, surtout quand on découvre que ces ados sont censés être plus intelligents que la moyenne : mon QI de pétoncle n’a pas été largué dans la bataille en tout cas.

A l’instar du livre Divergente, je découvre ces bouquins après avoir été voir le film de Wes Ball, mais au contraire de ce dernier, le roman de Dashner m’a plutôt captivé. Il faut dire aussi que l’adaptation cinématographique s’est considérablement éloignée du livre (hors destinée principale des personnages), ce qui aide à lui trouver de l’intérêt. Si on oublie quelques incohérences, Le Labyrinthe est un bon premier tome de la trilogie de l’Epreuve de James Dashner. Comme pour Divergente, je déplore quand même de voir des livres aussi violents plébiscités par les jeunes. Les futurs post-apocalyptiques sont décidément bien sombres : les descriptions restent sobres, on n’est pas dans la littérature d’horreur, mais les sévices infligés à ces enfants de 12 à 16 ans sont franchement immoraux.

Retrouvez la critique du tome 2 La Terre brûlée en cliquant ICI.

Retrouvez la critique du tome 3 Le Remède mortel en cliquant ICI.

Philip K. Dick – Ubik

Couverture de Ubik de Philip K. DickEvaluation 6/10 pour Le Bouquin de Firmin

Moins de 300 pages et de la matière pour faire une grande saga épique en 7 volumes. C’est un peu l’impression (et la frustration) que j’ai eue à la lecture de cet élément majeur de la science-fiction : Ubik de Philip K. Dick. On a de superbes ébauches prometteuses (un monde ultra-capitaliste, des méchants/gentils avec de gros pouvoirs, une fille qui peut changer le présent, un garçon qui est un télépathe monstrueux, un système de communication avec les morts et quelques relations homme/femme Continue reading

Veronica Roth – La trilogie Divergente

Couverture du tome 1 de la trilogie Divergente de Veronica RothEvaluation 2/10 pour Le Bouquin de Firmin

J’ai commencé la trilogie Divergente de Veronica Roth au tome 2 après avoir vu l’adaptation ciné du tome 1 et avoir été un peu intrigué par cet univers de science-fiction original. C’est très peu fouillé dans le film et je m’attendais donc à en apprendre bien davantage dans le livre, comme c’est généralement le cas avec les adaptations du même genre. Malheureusement, le film est une adaptation mot pour mot du bouquin ! Surpris par le style du tome 2, j’ai en fait lu 50 pages du premier tome Continue reading