Couverture du roman Les Apparences de Gillian Flynn, Gone Girl en version originaleNote de 8/10 Le Bouquin de Firmin
Les Apparences, 3ème livre de la romancière américaine Gillian Flynn, est avant tout le récit de la relation entre Nick Dunne et son épouse Amy, de leur rencontre à leurs noces de bois (5 ans de mariage), ce moment où leur vie à tous les deux a apparemment basculé avec la disparition inexplicable d’Amy. Impossible de ne pas se reconnaître dans les émerveillements mais aussi les déboires de ce jeune couple, dont chaque interaction est finement retranscrite par Gillian Flynn, que ce soit du point de vue masculin de Nick que du point de vue féminin d’Amy.

Les Apparences est également un livre qui parle du traitement des médias et de l’impact qu’ils peuvent avoir sur une enquête policière apparemment classique. Bon, il faut probablement être un peu américain pour bien saisir le jeu des médias sur cette affaire, du discours télévisé des premières heures post-disparition à l’interview-vérité avec une sorte d’Oprah Winfrey du crime en passant par les comités de soutien qui sentent bon les cheesecakes ou les campements de journalistes sur la pelouse de la propriété des Dunne. Néanmoins, ce sont ces médias qui poussent les différents intervenants de ce récit à mentir ou à finalement se dévoiler et l’analyse de notre société qui y est liée est plutôt intéressante. En 2015, Gillian Flynn aurait probablement mis davantage l’accent sur les réseaux sociaux.

Mais vous connaissez probablement déjà ce roman puisqu’il a été adapté avec succès (critique et commercial) par David Fincher dans le film Gone Girl avec Ben Affleck et Rosamund Pike. Vous savez donc que c’est plutôt un thriller et que le cœur de l’intrigue est la disparition d’Amy, son probable meurtre par son mari et l’enquête policière qui en découle. Pourtant, c’est vraiment le côté « décryptage du couple » et « traitement des médias » qui m’a le plus interpelé par sa justesse, sa complexité et son réalisme. Et ce, même si… eh bien comme l’indique le titre français du bouquin : tout n’est peut-être qu’apparence. Et si le gentil mari n’était au final qu’un assassin psychopathe ? Et si le mari pas si gentil n’était au final que très maladroit ? Et si le mari n’était quand même finalement pas si innocent que ça ? Remplacez « mari » par « épouse » dans les phrases précédentes et vous aurez un aperçu très sommaire de ce que peut cacher ce livre aux apparences véritablement trompeuses. Mais même si le mari ou l’épouse ne sont pas aussi « modèles » que leur CV pouvait le laisser présager, leur sincérité dans leurs mensonge reste une analyse d’un couple auquel on peut s’identifier sur bien des aspects !

Plus on avance dans le bouquin et plus on doute de la réalité de ce qu’on est en train de lire et c’est là qu’excelle Gillian Flynn : jusqu’à la toute fin du livre, on est balloté de droite à gauche dans un manège d’une perversion si délicieuse qu’on en redemanderait presque !